Le sermon du vendredi 13/07/18 : Le massacre de Srebrenica
Chers musulmans !
Nous commémorons cette semaine le 23e anniversaire du massacre de Srebrenica. Il est synonyme de souffrance commune des musulmans et de l’humanité tout entière. En effet, en 1995 à Srebrenica, a eu lieu en Europe le plus grand massacre de population depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale. Ce génocide est devenu un Karbala des temps modernes. Bien que 23 années se soient écoulées depuis lors, les souffrances et les peines sont toujours intactes.
Alors que nous nous souvenons de cette page noire de l’Europe, un triste deuil a lieu en Bosnie chaque année le 11 juillet. Les femmes ressentent encore la souffrance de la perte de leurs enfants ou de leur mari, parfois massacrés devant leurs yeux, comme si c’était hier. Vingt-trois ans plus tard, les dépouilles de centaines de martyrs n’ont toujours pas été retrouvées, empêchant ainsi les proches des victimes de faire leur deuil. L’identité de ces centaines de victimes, dont le sort nous est inconnu, s’est elle aussi perdue avec leurs ossements.
Chers croyants !
Le massacre de Srebrenica s’est inscrit dans les pages noires des plus grands crimes contre l’humanité. Cette charmante ville, autrefois connue pour ses mines d’argent et ses eaux aux vertus médicinales, est désormais une ville sans âme, portant le poids des atrocités qui y ont été commises. Cette ville, aujourd’hui désertée ne s’anime qu’à la date du 11 juillet. Ce jour-là, on vient des quatre coins du monde pour rendre hommage aux martyrs de Srebrenica. Par ailleurs, chaque année, lors de la marche de la paix traditionnelle appelée «mira», des milliers de personnes marchent sur la «route de la mort», longue de 70 kilomètres pour se souvenir de cette tragédie.
Chers croyants !
Le monde a été témoin des camps de prisonniers, du siège de Sarajevo des années durant, des viols et des massacres systématiques, du nettoyage ethnique et du génocide qui ont marqué la guerre de Bosnie. Les lieux déclarés «zones sûres» par les Nations Unies sont devenues des «zones de mort». Dès lors, les souffrances et les douleurs des musulmans vivant sur place n’ont fait qu’augmenter.
Chers musulmans !
Malgré ce génocide, nos frères bosniaques n’ont pas perdu cette guerre, bien au contraire ils l’ont gagné ! Car ils ont répondu à ces atrocités en gardant leur humanité et en continuant à respecter les lois de la guerre. Aliya Izzetbegovic, le leader emblématique des Bosniaques, est devenu un exemple vivant du comportement prôné par l’Islam en exprimant cette triste fin : «Nous préférerons une défaite éthique à une victoire immorale». Il choisit ainsi d’être l’opprimé plutôt que l’oppresseur. De par sa position morale, il illustre parfaitement le comportement prôné par notre Seigneur dans le verset 173 de la sourate Al-i Imran: « Ce sont ceux-là qui, lorsqu’on est venu leur dire : « Vos adversaires réunissent leurs forces pour vous attaquer, soyez vigilants ! », ont vu leur foi se décupler et se sont écriés : « Dieu seul nous suffit. N’est-il pas le Meilleur des protecteurs ? »».
Mes chers frères !
Srebrenica nous démontre aujourd’hui à quel point l’être humain peut être cynique et violent. Il nous montre aussi comment le racisme et la xénophobie peuvent nous mener aux extrêmes. Nous devrions réfléchir tous ensemble à ce massacre et chercher à en tirer des enseignements pour toute l’humanité. C’est pourquoi nous ne devons jamais oublier Srebrenica et transmettre de génération en génération son histoire. Car comme le dit Aliya Izzetbegovic, « un génocide oublié est un génocide réitéré ».
Nous espérons que les consciences humaines tireront les conséquences de ces atrocités et que plus jamais l’humanité ne sera témoin de telles horreurs. Qu’Allah fasse miséricorde à tous nos martyrs. Amin !