Le sermon du vendredi – 12/10/18 : Les Caractéristiques du croyant (1) – La pudeur

Mes chers frères !

En tant que musulmans, notre but est sans aucun doute de gagner la satisfaction d’Allah. Pour mériter sa satisfaction, il faut que notre foi, nos adorations et notre comportement soient à la hauteur. Ces trois éléments sont étroitement liés. Tout comme la qualité de nos actes d’adoration révèlent la profondeur de notre foi, notre comportement est le miroir de cette dernière. Le bon comportement fait en effet partie de la foi.

La pudeur est, selon les propres mots de Notre Prophète (sas), l’une des caractéristiques du bon comportement[1]. La pudeur, ou haya en arabe, désigne la retenue qui empêche celui ou celle qui la possède de dire ou de faire quelque chose. Cette chose pouvant être bonne ou mauvaise. Le mot haya dérive de l’arabe hayat qui signifie la vie. Ce qui a conduit les savants musulmans à dire que celui qui n’a pas de pudeur n’aura pas de vie non plus.[2] Notre Prophète (sas) lui-même nous avertit à ce sujet lorsqu’il déclare : « Si tu n’as pas de pudeur, fais ce qu’il te plait ! ».[3]

Chers musulmans !

Dans le verset qui a été lu au début de ce sermon, notre Seigneur fait référence à un événement de la vie de notre Prophète (sas) et s’en sert pour illustrer l’importance de la pudeur et nous enseigner certains principes à suivre dans ce domaine. En effet, lorsque notre prophète Muhammad (sas) se maria avec Zaynab (ra) il offrit à ses invités un repas. Une fois que ces derniers eurent fini de manger, ils restèrent encore longtemps à discuter entre eux sans faire attention à l’heure tardive. Bien qu’il soit dérangé par ce comportement, notre Prophète (sas) préféra par pudeur ne rien dire. Il tenta toutefois de faire comprendre la situation à ses invités en sortant plusieurs fois de chez lui. Enfin, après que les trois derniers invités soient finalement partis et alors qu’il s’apprêtait à se retirer dans sa chambre, le verset suivant fut révélé à notre Prophète (sas) : « Ô vous qui croyez ! N’entrez pas dans les demeures du Prophète, à moins qu’invitation ne vous soit faite à un repas, sans être là à attendre sa cuisson. Mais lorsqu’on vous appelle, alors, entrez. Puis, quand vous aurez mangé, dispersez-vous, sans chercher à vous rendre familiers pour causer. Cela faisait de la peine au Prophète, mais il se gênait de vous (congédier), alors qu’Allah ne se gêne pas de la vérité »[4]

Chers musulmans !

Ce verset, qui s’adresse à tous les croyant, nous donne les mesures de la pudeur voulue par Allah. Premièrement, nous apprenons dans ce verset que la pudeur c’est tout d’abord ne pas importuner les gens autour de nous. La pudeur c’est également faire preuve de patience et de tolérance lorsque l’on est importuné. Abu Said Al-Hudri rapporte à ce sujet : « Notre Prophète (sas) était plus pudique qu’une jeune fille recluse dans sa chambre. Lorsqu’il n’aimait pas quelque chose on le comprenait à l’expression de son visage ».[5] Abu Hurayra ajoute : « L’envoyé d’Allah ne critiquait jamais la nourriture. Lorsqu’un plat lui faisait envie il le mangeait et lorsqu’un plat ne lui plaisait pas il n’y touchait pas. »[6] Notre Prophète (sas) était si pudique que si Allah n’avait pas révélé ce verset les invités du Prophète ne se seraient jamais rendu compte de leur erreur.

Mes chers frères !

D’après les versets et les hadiths que nous venons de lire, nous comprenons que la pudeur est l’une des caractéristiques principale du croyant. Nous devons toujours nous remettre en question à ce sujet. Nous devons nous poser les questions suivantes : « Suis-je pudique avec les gens qui m’entourent ainsi qu’avec ma famille ? Suis-je pudique vis à vis de mon Seigneur ou est-ce que je dépasse les limites ? ». Ces questions doivent être les critères nous permettant de juger de notre pudeur. Après nous être interrogés de la sorte et être parvenus à une conclusion, nous devons réfléchir à la manière dont nous pouvons corriger notre comportement. Le fait d’afficher aux yeux de tous nos péchés, qu’ils aient été commis en public ou en privé, en déclarant « Vais-je donc cacher à Ses serviteurs ce que mon Seigneur sait de toute façon ! » ne peut que nous affecter nous-mêmes ainsi que la communauté dans laquelle nous vivons. Nous ne pouvons en nous comportant de la sorte que perdre ce monde et l’au-delà. En effet, le Jour du Jugement Dernier nous aurons à porter à la fois le fardeau de nos propres péchés et celui de ceux que nous aurons initiés ou encouragés chez d’autres personnes. Nous devons nous en préserver pour notre bien dans ce monde et notre bonheur dans l’au-delà.

Le savant Junaydi Baghdadi (ra), lorsqu’il définit le mot haya, nous indique le chemin à suivre. Il dit en effet : « La pudeur, c’est ce que l’on ressent lorsque l’on compare ses manquements face à la grandeur des bienfaits qu’Allah nous a donnés ».[7] Avec sagesse, il nous explique que pour gagner en pudeur il faut comparer les innombrables bienfaits dont Allah nous a fait grâce avec les adorations imparfaites que nous Lui dédions. Ceci doit nous rappeler notre incomplétude et nous permettre d’être pudiques face aux croyants.

Qu’Allah fasse de nous des serviteurs pudiques, aimés de Lui et ressemblant à Son messager. Amin!

[1]                     Sahîh-i Buhârî, H. No: 24

[2]                     İbnü’l-Kayyim: Medâricu’s-Sâlikîn, p. 491.

[3]                     Sahîh-i Buhârî, H. No: 6120

[4]                     Sourate Al-Ahzâb (les Coalisés), 33:53

[5]                     Sahîh-i Buhârî, H. No: 6102; Sahîh-i Müslim, H. No: 2320.

[6]                     Sahîh-i Müslim, H. No: 2064.

[7]                     Nevevî: Riyâzu’s-Sâlihîn, 84, Hayâ, p. 230.